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Une tentation possible pour les «agents pastoraux»

Bertrand Lemaire

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A lire du §76 au §80: Evangelii gaudium "La joie de l'Evangile" - Exhortation apostolique du Pape François

Une tentation possible pour les «agents pastoraux»

Utilisant un langage quelque peu administratif, le Pape précise ce que recouvre l’expression «agents pastoraux»:

«Les activités des différents agents pastoraux, des évêques jusqu’au plus humble et caché des services ecclésiaux.»

En premier lieu, le Pape François relève les ombres et les lumières qui entourent l’activité de ces «agents pastoraux» : il rappelle tout d’abord la honte que procure la faute de certains membres de l’Eglise et de nous tous. Puis il rend hommage aux nombreuses activités déployées par les chrétiens dans les domaines les plus variés :

«Ils aident beaucoup de personnes à se soigner ou à mourir en paix dans des hôpitaux précaires, accompagnent les personnes devenues esclaves de différentes dépendances dans les lieux les plus pauvres de la terre, se dépensent dans l’éducation des enfants et des jeunes, prennent soin des personnes âgées abandonnées de tous, cherchent à communiquer des valeurs dans des milieux hostiles, se dévouent autrement de différentes manières qui montrent l’amour immense pour l’humanité que le Dieu fait homme nous inspire. Je rends grâce pour le bel exemple que me donnent beaucoup de chrétiens qui offrent leur vie et leur temps avec joie.»

L’agent pastoral a besoin de se former personnellement, et d’être accompagné :

«Je reconnais que nous avons besoin de créer des espaces adaptés pour motiver et régénérer les agents pastoraux, « des lieux où ressourcer sa foi en Jésus crucifié et ressuscité, où partager ses questions les plus profondes et les préoccupations quotidiennes, où faire en profondeur et avec des critères évangéliques le discernement sur sa propre existence et expérience, afin d’orienter vers le bien et le beau ses choix individuels et sociaux.»

Pour toute personne engagée dans «la mission », il existe des tentations que le Pape tient à préciser :

  1. Se préoccuper en premier de sa «petite personne»:
    «Aujourd’hui, on peut rencontrer chez beaucoup d’agents pastoraux, y compris des personnes consacrées, une préoccupation exagérée pour les espaces personnels d’autonomie et de détente, qui les conduit à vivre leurs tâches comme un simple appendice de la vie, comme si elles ne faisaient pas partie de leur identité.

    Ainsi, on peut trouver chez beaucoup d’agents de l’évangélisation, bien qu’ils prient, une accentuation de l’individualisme, une crise d’identité et une baisse de ferveur. Ce sont trois maux qui se nourrissent l’un l’autre.»
     
  2. Occulter son identité chrétienne et ses convictions:
    «Ils finissent par étouffer la joie de la mission par une espèce d’obsession pour être comme tous les autres et pour avoir ce que les autres possèdent. De cette façon, la tâche de l’évangélisation devient forcée et ils lui consacrent peu d’efforts et un temps très limité.
     
  3. Se laisser voler son enthousiasme missionnaire:
    «Ce relativisme pratique consiste à agir comme si Dieu n’existait pas, à décider comme si les pauvres n’existaient pas, à rêver comme si les autres n’existaient pas, à travailler comme si tous ceux qui n’avaient pas reçu l’annonce n’existaient pas. Il faut souligner le fait que, même celui qui apparemment dispose de solides convictions doctrinales et spirituelles, tombe souvent dans un style de vie qui porte à s’attacher à des sécurités économiques, ou à des espaces de pouvoir et de gloire humaine qu’il se procure de n’importe quelle manière, au lieu de donner sa vie pour les autres dans la mission.»

Et Lo Tedhal dans tout cela ?

"Voyez comme ils s'aiment, comme leur joie transparaît !", disaient les païens en parlant des premières communautés chrétiennes. C'est ainsi que s'est transmis le message de l'Evangile. Par conséquent, si vous rencontrez un Lo Tedhalien triste, tâchez d'entreprendre auprès de lui, une 'thérapie' évangélique. Accordez-lui le temps nécessaire pour dissiper sa peine, sachez l'écouter, n'hésitez pas à lui rappeler certaines paroles du Christ… Prenez les moyens humains et spirituels pour que la tristesse cède le pas à la joie. N'oubliez pas que le sacrement de réconciliation, reçu avec la conviction de la foi et l'humilité du cœur, est un remède infaillible à la morosité et à la tristesse. Il faut en user pour en apprécier la valeur.

Nous sommes responsables du moral de nos frères. Nous ne pourrons jamais dormir tranquilles si nous savons que l'un de nos proches est déprimé. Ne péchons pas par paresse ou par lâcheté ou par fausse humilité ! Le Christ ne nous jugera pas sur l'échec ou sur la réussite de nos actions mais sur les dispositions de notre cœur à se donner ou à se replier.

Et si nous sommes, nous-mêmes, tentés de succomber à la tristesse, demandons-nous : "Comment puis-je être découragé, comment puis-je être morose alors que le Créateur de l'univers est mon Père, qu'il m'attend et m'ouvre ses bras comme le père de l'enfant prodigue, qu'il vient en moi par les sacrements?" (Tiré de la Spiritualité de Lo Tedhal: La Joie)


 

 

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