Ce passage d'Isaïe, dans la première lecture, fait partie des "Chants du Serviteur du Seigneur ". Le terme "serviteur" désigne un personnage qui a mis sa vie à la disposition de Dieu : Isaïe, qui anticipe la figure de Jésus de Nazareth. Le titre de serviteur du Seigneur lui a été attribué par Dieu qui dit: Voici mon élu, celui qui répond à mes désirs, celui dont je suis content, qui a été choisi pour une mission et un service en faveur des autres. Il a reçu la tâche de rendre la justice, qui consiste en bienveillance et salut.
Comment va-t-il réaliser sa mission? Le texte parle des comportements qu’il devra éviter. Il n'adoptera pas les méthodes des dominateurs. Il ne s'imposera pas par la force ou des menaces de sanctions. Il ne va ni crier ni élever la voix. Il ne sera pas intolérant ou intransigeant avec les faibles. Il ne condamnera personne mais corrigera celui qui a commis une erreur ; au lieu de détruire, il reconstruira avec patience et respect ce qui est abimé. Pour lui, il n'y aura jamais de causes perdues, de situations irrécupérables.
Face à une tâche aussi ardue, il sera tenté de se décourager mais il l’achèvera, avec fermeté et détermination, sans reculer devant aucun obstacle. Il sera doux mais sans faiblesse, il ne se laissera intimider par personne. L'homme est revêtu de faiblesse, mais lorsque Dieu lui confie une mission, il lui donne la capacité de la mener à bien. Le serviteur reçoit en partage l'énergie divine. Dieu ne l'abandonnera jamais, il le prendra par la main et l'accompagnera à chaque moment de sa vie.
Dans l’Évangile, une mission extraordinaire mais difficile attend Jésus : devenir Lumière pour toute l’humanité. Le Serviteur est appelé à ouvrir les yeux aux aveugles, à libérer les prisonniers, à vaincre le péché du monde. Le Seigneur se réjouit des actions de son bien-aimé et fait reposer son Esprit sur Celui qui vient proclamer son message à toutes les nations, de manière discrète et patiente. La douceur est sa caractéristique, mais alliée à la fermeté avec laquelle il proclame la loi de Dieu.
A travers la lecture d'Isaïe, la figure de Jésus de Nazareth se profile, elle nous permet d'entrevoir ce moment qui changera définitivement le monde et permettra à ceux qui reçoivent le baptême de devenir enfants de Dieu.
Aujourd'hui, posons-nous la question : quelle différence il y avait-il entre le baptême de Jean et le baptême de Jésus ? Ce n'est pas une question de forme du rite, car la célébration est le même : les disciples de Jésus ont adopté le rituel de Jean, tout en ajoutant l'onction avec l'huile pour indiquer l'action de l'Esprit.
L'année où Jean a commencé à prêcher était une année jubilaire, ce qui impliquait la remise des dettes et la libération des esclaves. Jésus a inauguré sa prédication dans cette perspective jubilaire: proclamer la liberté, réaliser la justice, rétablir les relations selon les lois établies et selon l'idéal de fraternité.
Le baptême de Jean indiquait une conversion qui partait de l'homme : celui-ci devait accomplir des œuvres de justice. Jésus se place dans une autre perspective: il ne se souvient pas des nos actions, parce que l’initiative revient à l'action de Dieu en nous, par la puissance de l'Esprit, mais cela réclame un geste d'acceptation de notre part : l’accueil.
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