Vision paradisiaque

La première lecture, tirée du prophète Isaïe, est d’une richesse extraordinaire. Isaïe a peut-être été le plus grand prophète. Il nous invite à la conversion pour pouvoir réaliser que notre façon de penser est limitée : nous devons élargir nos "frontières" à tous les peuples.

Le prophète invite les hommes à gravir la montagne pour entendre la Parole du Seigneur. Il annonce la venue d'un enfant, rempli de tous les dons de l'Esprit, qui naîtra à Bethléem et qui apportera au monde la justice et la paix. Cette promesse prend l’apparence d’une image paradisiaque : des animaux féroces vont paître avec les animaux domestiques et leurs petits vont dormir ensemble, le nourrisson pourra poser sans risque sa main sur le nid de la vipère et du serpent.

Au début de la lecture, Isaïe parle d’un rejeton qui jaillira, d’une manière surprenante, d’un tronc apparemment mort. C’est une référence à la dynastie davidique. L'image de la souche, fait référence à la façon dont les rois ont exercé la royauté. Le rejeton, en revanche, exprime la nouveauté de l'action de Dieu, le nouveau départ. Ce sera une relation renouvelée avec Dieu et les autres.

La plénitude de l'Esprit est exprimée quatre fois, pour indiquer les quatre points cardinaux, c'est-à-dire toute la création. Car le don de l'Esprit du Seigneur va descendre en abondance sur lui. Tout d’abord, c’est l’Esprit qui donne "la sagesse et l’intelligence". La sagesse c’est l’art de bien vivre et d’atteindre le vrai bonheur; l’intelligence c'est la pénétration des mystères de la vie, de l'histoire, du plan de Dieu. Isaïe évoque aussi l'Esprit de "conseil et de courage". Le conseil est l'art de gouverner avec prudence, la capacité de prendre des décisions judicieuses. La force signifie la persévérance, la patience, la ténacité avec laquelle il mettra en œuvre cette vertu. Enfin, il est fait mention de l'Esprit de "connaissance et de crainte du Seigneur" : cet enfant aura une connaissance intime et profonde du Seigneur, empreinte de respect et d’une très haute estime.

Dans la deuxième partie du texte, un tableau de la nouvelle création nous est présenté, où la violence cède la place au règne de l’harmonie entre tous les animaux et même avec l'homme. La présence de "l'enfant" semble apaiser les bêtes, créant une atmosphère de fête là où la vie était difficile voire impossible. Cette régénération concerne la terre, le vent, l'eau, les plantes, les animaux et les hommes. Dans cette nouvelle humanité, les tensions entre raison et instinct, intelligence et émotion se réconcilient enfin. La sagesse du Seigneur semble inonder sa création: Dieu fait le vide de l'orgueil, de l'injustice, de l'abus de pouvoir, de la cupidité et apporte sa plénitude. Ce don de sagesse atteint une telle plénitude qu'elle est comparable à la masse d'eau qui forme la mer. C'est la sagesse de Dieu qui est répandue sur Israël et qui remplit toute la création.