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Déception divine

Padre Damiano Puccini

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Deception Divine

Dans la première lecture d'Isaïe - nous sommes au VIIIe siècle avant JC - le vignoble figure le peuple d'Israël: "Le vignoble est mon peuple, Juda ma plantation préférée". Selon l'expérience chrétienne, le Royaume est identifié à l'Église. En réalité, nous savons bien que la vigne est l'ensemble de l'humanité et que l'Église n'est pas le Royaume mais qu’elle est au service du Royaume.

Reprenons l'image, dépeinte par Isaïe, de ce vignoble et de ce vigneron, qui laboure le sol, le débarrasse de ses pierres pour y planter sa vigne et qui construit une tour au milieu du vignoble pour mieux le défendre. Dieu est ce vigneron passionné qui défend son vignoble, son peuple bien-aimé. Il a creusé une cuve pour produire du vin, symbole de l'amour, de la joie, du bonheur.

Après avoir fait tout le nécessaire, il attend le temps de la croissance : que les raisins mûrissent. Voici le don de dons, signe notre valeur spécifique: la liberté. Notre responsabilité entre en jeu (même si cela ne s’applique pas à proprement parler aux raisins). Isaïe dit que le vignoble produit des raisins verts, qui ne mûrissent pas: le bien-aimé n'a pas répondu à l'amour de son Dieu. Le vigneron déçu demande alors aux habitants de Jérusalem de juger entre lui et son vignoble: "Que pouvais-je faire, de plus que je ne l'ai pas fait?". Dieu souhaite que nous autres, hommes, qui avons rejeté sa proposition généreuse de dialogue aimant, nous jugions cette vigne.

Le refus de la vigne, de la fille du Peuple élu, notre refus de l'amour de Dieu (parce que nous prétendons gérer notre vie et aussi celle des autres) produit des effets négatifs. Alors que le vigneron avait construit une tour de défense, il va maintenant supprimer la haie et démolir le mur d'enceinte: le vignoble sera piétiné et transformé en pâturage, il ne sera plus arrosé et les ronces l’envahiront. Ce n'est pas parce que Dieu a cessé d'aimer la vigne, mais parce qu'en refusant l'amour, l'humanité va souffrir des conséquences de son refus. La première caractéristique de l'amour est la liberté de l'accueillir ou de le rejeter.

L'attente mérite d'être soulignée, l'attente infructueuse du vigneron : les grappes vertes des crimes et des cris des opprimés ont été récoltées à la place de la justice et de la droiture. Le travail passionné du propriétaire du vignoble ne visait donc pas à entretenir le culte solennel des rituels du Temple, mais à établir des relations humaines plus justes et fraternelles dans la cité.

Heureusement que l'amour infiniment patient de Dieu, époux et père, finira par gagner!


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