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Le Sacrifice du Fils

Padre Damiano Puccini

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Le Sacrifice Du Fils

Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un texte difficile à comprendre. Avec l’aide de spécialistes qui étudient la parole de Dieu, essayons de voir ce qu’il signifie pour nous.

Tout d’abord, souvenons-nous que la Genèse a été écrite à l'époque de l'exil à Babylone. Le peuple juif déporté est en proie à un désespoir immense. Dieu a-t-il oublié sa promesse? L'avenir du peuple est-il sacrifié ? Son identité doit-elle disparaître et se fondre dans la culture babylonienne?

L’histoire d’Abraham nous montre qu'il faut avoir foi en Dieu, même quand les apparences contredisent le bon sens.

Le point principal de l'histoire d'Abraham, c’est la promesse que Dieu lui fait qu’il aura un fils et une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel, alors qu’Abraham et sa femme Sarah sont déjà avancés en âge, et que le couple est stérile. La promesse s'accomplit avec la naissance d'Isaac, le fils du rire de Sarah. Mais Dieu demande à Abraham de lui offrir ce fils en sacrifice.

Il faut dire que dans de nombreuses religions anciennes, des sacrifices humains, et très souvent des sacrifices d'enfants, étaient offerts dans les moments de crise, lorsqu'une communauté ne voyait pas d'autre possibilité d’implorer l'intervention de la divinité en sa faveur.

Posons-nous la question: quelle image nous faisons-nous de Dieu ? L'image qu'ils en avaient, et que nous avons aussi souvent, est que Dieu est une idole, car nous lui prêtons nos réactions humaines. Mais Dieu est autre que nous.

Revenons au texte. Dieu dit à Abraham : « Prends ton fils, ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah (ce qui en hébreu signifie « voir »), et là tu l’offriras en sacrifice sur la montagne que je t’indiquerai ».

Le patriarche agit exactement comme il l’a fait au début de son histoire avec Dieu: il a abandonné son passé, la terre de ses ancêtres, et maintenant on lui demande de sacrifier l'avenir. Abraham part. Il se tait. Le silence d'Abraham est constant. Abraham imagine Dieu selon les schémas de son temps. Il pense qu'il doit offrir son fils en holocauste. Le mot « holocauste » en hébreu signifie « élever ». C'est comme si Isaac devait être élevé vers le Seigneur, pour ne pas tomber dans l'aveuglement d'Adam.

Par ce geste suprême, Abraham prouve qu'il fait confiance à l'Éternel au point de croire que ce que Dieu lui demande ne peut pas être quelque chose de mauvais, car Dieu est bon. Abraham fait confiance à Dieu qui ne peut pas lui vouloir du mal.

« Je le jure par moi-même, déclare le Seigneur, parce que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton fils unique, je te comblerai de bénédictions ». La bénédiction donne l’assurance de la fécondité.

Et en effet, la lignée d'Abraham est vraiment nombreuse: non seulement les juifs mais également les musulmans le reconnaissent comme leur ancêtre (qu’ils appellent « l'ami de Dieu »), et sur le plan spirituel pour les chrétiens, la liturgie catholique l'appelle « notre père dans la Foi ».

Dans la tradition juive, cet épisode s'appelle : « La ligature d'Isaac ». L'épreuve terrible à laquelle Abraham a été soumis aide à comprendre le sacrifice de Jésus sur la croix. Dieu a épargné le fils d'Abraham, mais il n'a pas épargné son propre Fils.


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