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Croire en l’impossible

Padre Damiano Puccini

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Croire en l’impossible

Pour entrer dans le message si fort du passage évangélique de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine, la porte la plus appropriée est la première lecture, avec cet épisode plutôt provocant de l'Exode.

"Le Seigneur est-il parmi nous, oui ou non?" Ce doute n'est pas né, dans l’esprit des Israélites, d’une émergence soudaine de l'esprit critique, il est né d’une tension entre espoir et désespoir. Ce peuple avait bougé parce qu'un homme, Moïse, avait suscité dans ses rangs l'espoir de la libération. Tous les prophètes sont des réveilleurs d'espoir. Il y a au cœur de l'humanité une sorte d'énergie enfouie qui, si quelqu'un parvient à la réveiller, fait tout bouger : ce qui est déjà connu ne compte plus et on regarde de l’avant.

Aller vers l’avenir, quitter - comme nous l’avons médité dimanche dernier avec Abraham - pour partir vers une région inconnue, c’est entrer dans une situation à risque. Espérer, c'est risquer, c’est perdre les certitudes personnelles et collectives dont nous avons hérité. Le peuple juif se retrouve dans le désert, déçu, car au lieu d'aller vers le meilleur, il est parti vers le pire. La condition de l'esclavage - où tout était réglementé : sommeil, travail, nourriture - était, somme toute, beaucoup plus sûre. Entrer dans le désert, c'est perdre son ancienne identité, c'est entrer dans un état de renaissance.

Parmi le peuple, saisi par la soif, avec le désert à perte de vue, la tentation du doute est née: "Le Seigneur est-il parmi nous, oui ou non?" Dieu va se manifester à travers l'impossible: "Prends en main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira !" C'est le point d'espérance critique, placé devant l'impossible.

Combien de fois nous sommes-nous aussi retrouvés confrontés à l'impossible, encore aujourd'hui ? Comment faire pour avoir de l'eau ? Comment faire pour avoir la paix ? Pourtant, l’espoir doit nous faire résoudre ces problèmes, car la force créatrice est présente. Dans le cas de Moïse, l'efficacité du geste était garantie par la promesse de Dieu, mais croyons-nous vraiment en l'impossible?

Dans le Livre de l’Exode, le problème de la soif est récurrent, à cause du manque d'eau dans le désert. Face à cette situation de besoin, le peuple doute de la providence divine, du soin que le Seigneur prend de lui. Ce doute nuit à la foi du peuple qui ne fait plus confiance à l’amour du Seigneur et se laisse aller à murmurer. Le peuple met Dieu à l'épreuve, en se déclarant prêt à obéir à condition de recevoir un signe. Leur refus de s'abandonner avec confiance aux mains de Dieu devient un défi pour Moïse, en tant que leur guide. On lui reproche d'avoir conduit son peuple vers la liberté. L’acquisition de cette liberté se révèle trop exigeante et lui fait regretter l'esclavage de l'Égypte: "Pourquoi nous avoir fait monter d'Égypte? Etait-ce pour nous faire mourir de soif, avec nos enfants et notre bétail?" Comme si le véritable acteur de l'Exode était un homme et non le Seigneur!

Mais le Seigneur prouve encore une fois sa miséricorde et procure de l'eau. La merveilleuse miséricorde de Dieu, envers ce peuple têtu et rebelle, devient perceptible dans cette eau qui jaillit du rocher.


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