Par-delà les apparences

Aujourd'hui, la liturgie nous fait une invitation lumineuse : poser un regard qui dépasse la surface pour pénétrer dans les profondeurs de la personne. Comme nous commençons tous par regarder les choses de l'extérieur, le risque est de s’en tenir aux apparences. Dans la première lecture, tirée du prophète Samuel, est annoncé prophétiquement ce que Jésus va pleinement révéler: le Seigneur ne regarde pas les apparences, mais le cœur.

C’est le début de l'ascension de David sur le trône d'Israël. Consacré roi par Samuel, sur ordre de Dieu, David a été oint parmi ses frères et l'Esprit du Seigneur l'a envahi à partir de ce jour. Bien que Jessé ait eu sept autres fils, jeunes et robustes, le Seigneur a choisi David, son huitième fils, un petit berger insignifiant et fragile qui savait tout au plus lancer des pierres avec une fronde. Mais le Seigneur choisit avec le cœur et choisit ce que le monde rejette. Israël voulait à tout prix un roi qui puisse réprimer efficacement les diverses attaques armées des peuples voisins. Il ne tolérait plus sa spécificité et semblait vouloir rejeter la royauté du Seigneur au profit d’une royauté humaine. Le Seigneur a accueilli sa demande, tout en précisant que le roi à la tête d’Israël devait être selon son cœur.

Samuel est envoyé par Dieu à Bethléem, c'est-à-dire en dehors du périmètre où Saul fait sentir sa domination. Il devient alors évident que le choix d'un roi selon le cœur de Dieu ne dépend ni de Samuel ni d’aucun homme, mais uniquement du Seigneur. Les habitants de Bethléem sont terrorisés par l'arrivée de Samuel car ils estiment que la raison de sa venue comporte des risques politiques, compte tenu aussi de la tension qui règne entre le prophète et Saul. Mais l'atmosphère de peur est dissoute par l'aura de l'autorité divine et par le charisme du prophète dans le choix de l’élu.

Chaque fois, celui qui semblerait le plus à même, à vue humaine, de devenir roi, semble au contraire écarté par le Seigneur. Ainsi, le suspense de savoir qui sera choisi par le prophète grandit. Après avoir passé en revue les sept fils présents, Samuel est informé de l'existence d'un huitième garçon qui, vu son très jeune âge, ne peut prétendre à aucun titre. Seul le Seigneur peut dire si ce garçon peut être le roi du Peuple de Dieu, et c'est précisément ce que Samuel s'entend dire. Il peut donc procéder à l'onction.

David n’est consulté en rien : ni sur sa disponibilité ni sur ses souhaits. La décision n'appartient qu'à Dieu: c'est Lui qui appelle, c'est Lui qui confie la mission. L’onction ne se réduit pas seulement à un rituel, elle s’accompagne d’un véritable don, qui ne peut venir que du souffle de l’Esprit de Dieu. C’est cet Esprit qui transforme les gens et qui, malgré leurs insuffisances et leurs limites, les rend aptes à assumer la mission que le Seigneur leur confie. Une mission exorbitante en regard de leurs forces et de leurs qualités purement humaines.

L'Esprit est la source de la nouveauté et la force de transformation que Dieu introduit dans l'Histoire.